Yannick Nézet-Séguin nommé Personnalité de l’année 2015 par le magazine Forces aux côtés de Justin Trudeau, Joanne Liu et P.K. Subban.

C’est l’un des chefs d’orchestre les plus courus du monde entier. Partout où il passe, le maestro québécois fait l’unanimité et suscite l’admiration enthousiaste des plus grands connaisseurs de musique classique. Déjà, à 40 ans, le prodige semble être au sommet de son art. Jusqu’où ira-t-il ?

Yannick Nézet-Séguin dirige trois orchestres de renommée internationale à Philadelphie, à Rotterdam et à Montréal. À la fin du mois de septembre dernier, le Philadelphia Orchestra, guidé par le chef montréalais, a joué pour le pape François. Il a séduit le Tout-New York en ouvrant la saison d’automne du Metropolitan Opera avec Otello, de Verdi. Il serait même pressenti pour succéder au légendaire James Levine, directeur musical de cette mythique institution depuis 1976. Il vient de terminer cinq représentations d’Elektra de Richard Strauss, effectuant ainsi un retour triomphant à l’Opéra de Montréal. Outre quelques faits saillants de l’année 2015-2016 (tournée européenne avec l’Orchestre philharmonique de Rotterdam, tournée en Asie avec l’Orchestre de Philadelphie, enregistrement chez Deutsche Grammophon du cycle Mendelssohn avec l’Orchestre de chambre d’Europe, etc.) ses réalisations seraient trop nombreuses à énumérer ici.

Cette trajectoire lumineuse dans les hautes sphères musicales — du baroque au contemporain, de la musique de chambre au grand opéra — le place déjà parmi les géants de la musique classique au 21e siècle. En témoigne son tout récent titre d’« Artiste de l’année 2016 » qui lui a été décerné par la bible du secteur de la musique classique, le révéré magazine Musical America. Yannick Nézet-Séguin, reconnu ainsi pour ses qualités de « musicien d’une ampleur et d’une profondeur extraordinaires », s’est dit « honoré d’accepter cet honneur prestigieux », mais « un peu jeune » pour le recevoir, ajoutant que « ce prix va à tous les musiciens que je dirige […] à travers le monde. » Mais c’est une photo de lui, seul, baguette à la main, qui sera sur l’édition 2016 de la livraison annuelle de Musical America Worldwide, un « bottin téléphonique » contenant tout sur l’industrie de la musique classique. Déjà sursollicité, il devra limiter ses collaborations, selon ce qu’il a dit à La Presse récemment : « Si je veux diriger encore pendant 40 ou 50 ans, il ne faut pas que je sois trop pressé. J’ai déjà gravi les échelons très rapidement ; je préfère me concentrer sur de longues relations avec mes orchestres. »

Quel est le parcours de ce virtuose ? Dès l’âge de cinq ans, il commence l’apprentissage du piano. Cinq années et de nombreux prix au Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec plus tard, il a déjà décidé qu’il deviendra chef d’orchestre. Lors d’une entrevue accordée au quotidien The Guardian, il confie : « Ce qui est curieux, c’est que quand on est jeune, on rêve de quelque chose sans vraiment en saisir toutes les implications. Mais le chemin qui m’a mené à ma carrière de chef d’orchestre me réservait finalement peu de surprises. J’en ai rêvé, et ce rêve est devenu réalité. » Le véritable tournant de sa vie musicale a eu lieu après avoir soufflé ses 19 bougies, en 1994, lorsqu’il rencontre celui qui deviendra son mentor, le grand chef italien Carlo Maria Guilini. Aussitôt, il fonde son propre ensemble vocal et instrumental, La Chapelle de Montréal. Trois ans plus tard, en 1997, il avait déjà décroché cinq premiers prix avec grande distinction. En 2000, le jeune homme prend les commandes de l’Orchestre métropolitain de Montréal et l’amène à des niveaux remarquables. Ayant tout accompli, ou presque, au Canada, il répond à l’appel du monde qui se fait sentir, et n’a pas ralenti depuis.

Paul Therrien

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